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Exposition de Jean Fontaine

Les machines rient
Jamais, au grand jamais, le bronze ne fut mieux patiné, matière vivante et chaleureuse. Jamais l’illusion ne fut mieux entretenue. Passe-passe astucieux, le bronze en terre cuite. Il y a vraiment de quoi s’y méprendre. Fontaine est un démiurge qui se cache sous une apparence bonhomme plutôt sympathique et qui se permet effrontément de modifier l’ordre naturel des choses. Cela se perçoit à l’évidence dans la contemplation des oeuvres qu’il nous propose: hybrides divers, assez systématiques, femmes affublées de coquilles Saint-Jacques, garantes indésirables de leur chasteté, machineries anthropomorphes, corps féminins à têtes de monstres cétacés. Est-ce assez? Le travail de Fontaine ne relève pas de l’esbroufe ni ne se limite à la perfection technique. Le mélange du mécanique et de l’organique est en soi un plaidoyer pour la vie car il comporte une dimension critique évidente. L’immixtion dans ses oeuvres de machines hybrides d’un autre âge est en soi un acte de résistance à l’asservissement de l’homme par l’industrie. Est-ce un combat dépassé ? Les machines ont évolué, se sont miniaturisées, mais ce sont toujours des hommes qui les servent de près.
Les dessins à l’encre auxquels l’artiste voue le plus grand soin sont très souvent préparatoires pour la réalisation d’oeuvres tridimensionnelles. Simples et précis, ils suggèrent bien la profondeur et l’espace. Le bestiaire de Jean Fontaine n’est en définitive pas si drôle qu’il y paraît. Il est fantasque, certes. En tout cas, il pousse à la réflexion et au questionnement.

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