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Martial Leiter

Vide, tout est vide à l’intérieur du vide. Y compris vous et moi.

Même les montagnes sont des formes du vide. Même les plus puissants des fleuves.

Même ces civilisations conquérantes glissant vers le gouffre dans lequel elles vont bientôt se dissoudre. Sans laisser d’autre mémoire que la silhouette de ce tout petit homme qui suit là-bas juste à l’instant son chemin. Dans la lenteur et le silence.

Silhouette minuscule d’insecte humain cheminant en plein coeur de l’abîme, il avance. Avec tout autour de lui un cercle de montagnes auxquelles cherchent à s’agripper des bosquets squelettiques et des pins trapus. Qui ne porte pas une montagne en lui ne différencie pas grandeur et énormité. Là-haut, tout en haut, les montagnes s’évaporent pour se confondre avec les nuages qui sont des montagnes de buée. Encore plus haut, beaucoup plus haut que les nuages fulgure l’éclair immobile d’un grand carnassier. Pourtant c’est à partir de la silhouette du solitaire en bas que tout se tient.

En le voyant cheminer dans sa progression presque imperceptible, vous savez que c’est par cette extrême lenteur que tout pourra recommencer. Parce que c’est dans cette silhouette que tient l’immensité qui l’entoure. Mais qui voudra jamais croire que le plus grand tient dans le plus petit ? Rien ne manque du vaste infini dans votre pupille si vous ouvrez suffisamment les yeux.

Roger Favre

1952, naissance à Fleurier, dans le canton de Neuchâtel, Suisse.

 

Dessinateur de presse de 1974 à 1990, publications dans divers journaux suisses.

 

Depuis 1991, ses dessins paraissent dans la presse suisse et étrangère (Die Wochenzeitung (WOZ), Zürich ; Die Zeit, Hamburg ; Le Monde, Paris).

Expositions récentes

– Centre Dürrenmatt et Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel (Guerres, 2009)

– Cartoonmuseum, Bâle (2012)

– Galerie de l’Hôtel de Ville, Yverdon (2012)

– Galerie du Château, Avenches (2013)

 

Édition

Le Cahier Dessiné, n° 8, Paris (2013), série d’une vingtaine de dessins de montagnes

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